Tour du Monde en 300 jours

                                                                       ..............AROUND THE WORLD..............
 
1 - Mourir un peu...  



Seule autour du monde...avec mon sac à dos...
Et voilà !  J'ai fait le grand saut ! C'est comme une petite mort . A un moment ou un autre, comme l'impose la date sur le premier billet d'avion : il faut partir...même si tout à coup on a un peu peur, même si l'on n'a pas eu le temps de règler tous les problèmes matériels...Il faut y aller, il faut laisser sa petite famille : j'ai 60 ans, deux grands fils fiers de leur Maman et deux filles plutôt inquiètes. J'ai aussi cinq adorables petit-enfants qui s'étonnent de voir leur Mamie avec un gros sac à dos...Quitter tous mes chéris. renoncer et partir quand c'est le moment : oui, ça ressemble un peu à la mort.
André, mon mari, m'a accompagnée en voiture jusqu'à Paris où nous nous sommes arrêtés pour l'obtention de mon visa Indien (queue interminable au Consulat) puis jusqu'à Bruxelles au Consulat de Papouasie-Nouvelle-Guinée où j'avais rendez-vous.
Ici : pas de queue, j'étais la seule "candidate" dans l'unique Consulat Papou d'Europe ! Je sens que ce pays va me plaire : un lieu où les touristes sont encore très rares.
Un dernier adieu à mes enfants et petits-enfants par téléphone, un gros bisou à André...et voilà.
Il est 23 h 55 mon avion vient de décoller. Je devrais exploser de joie : Ce rêve d'enfant qui me colle à la peau depuis l'âge de 12 ans...ce vieux rêve est en train de devenir réalité !
Eh ! bien non ! je ne suis pas heureuse du tout et c'est plutôt l'angoisse qui prend le dessus.
Ai-je le préssentiment que ce voyage au long cours ne va pas être de tout repos ? Que quelques moments très pénibles viendront en épicer les souvenirs ?
Il faut dire que cette heure de départ est très mauvaise pour moi qui ait l'habitude de voir mon moral descendre en même temps que les rayons du soleil.
J'atterris à Moscou à 3 h 50 du matin sans avoir pu fermer l'oeil,  très mauvais pour mon mentall.  Je traîne dans l'aéroport jusque vers 10 h. incapable de me décider à sortir de cet endroit qui m'apparaît comme un refuge.
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Dès ma sortie de l'aérogare, au lieu d'essayer de prendre le métro, je me laisse entraîner par un taxi qui m'emmène vers le centre-ville. Le chauffeur semble ignorer où se trouve la gare d'où est sensé partir le Transsibérien. Toujours aussi serviables, ces Russes ! qu'ils soient fonctionnaires sous le régime communiste ou employés dans le privé, ou même patrons : rien n'a changé ! Le taxi m'a plantée devant n'importe quelle gare, et moi, avec mon gros sac à dos, je tourne, je cherche, je retourne, de gare en gare, de guichets en guichets, de "Niet" en "Niet"...avec un misérable plan écrit en Anglais alors que sur les panneaux les noms des rues sont en cyrillique. Même les Russes y perdent leur latin et ne reconnaissent pas leur ville sur ma carte !
Acheter soi-même son billet de train dans une gare de Moscou, c'est la galère mais c'est vraiment moins cher,  je le sais, alors je persévère.
Et voilà qu'à force de montrer le petit papier sur lequel mon frère Daniel avait écrit en Russe le nom de ma destination, je finis par rencontrer une guichetière parlant quelques mots d'Anglais.
Quelques minutes après, je sors, ravie, avec entre les mains le précieux document : un billet pour le Transsibérien : MOSCOU-OULAN BATOR-PEKIN, Départ le 5 septembre, pas avant. Trois jours de perdus dans cette ville que je connais déjà et qui ne m'interresse pas outre-mesure !  Et... regalère : il va me falloir trouver un
endroit où dormir, cette fois-ci.
Je pars donc à la recherche de la Pension Galina,
Galina, c'est LA logeuse de tous les routards, LA moins chère, et...très connue, malheureusement.
Un taxi m'aborde et me propose, pour "fifty" (50) de m'y conduire à quelques rues d'où je suis et, bêtement, j'accepte de monter dans son véhicule avec ma fatigue et mon barda.
Il s'arrête au pied d'un immeuble un peu vétuste, dans un quartier un peu trop calme, au bout d'une sorte d'impasse, et là, il me réclame non pas 50 roubles (ce qui aurait été raisonnable vu le très court trajet parcouru) mais 50 DOLLARS ! l'abruti ! Je refuse, lui expliquant que nous étions en Russie et pas aux USA, donc on parle en roubles, pas en dollars ! Cet imbécile tente de repartir en emportant mes bagages dans son coffre, je bondis dans la voiture et là : vraie scène de ménage :! il aperçoit Galina qui, alertée par nos cris, se penche à sa fenêtre : ça m'a peut-être sauvée car il devenait carrément méchant. Je lui refile les 50 roubles plus toute ma monnaie, Il repart en trombe.
Malgré ma fureur (les taxis ont toujours été ma "bête noire") je grimpe très péniblement les 5 étages en colimaçon qui devraient m'ammener chez ma future logeuse.
Eh !  bien non ! il n'y a plus de place ! cette pension est trop connue : elle est pleine !
Je suis tellement démoralisée et fatiguée que je lui propose de dormir par-terre, dans le couloir, dans l'entrèe, n'importe où !!!  Juste un petit coin pour dormir et être en sécurité ...mais non : pas possible. Il faut que je redescende ces escaliers de malheur avec mon sac à dos qui pèse de plus en plus lourd. Repartir en quête d'un lieu où me caser, dans cette ville peu souriante ou les gens se sentent agressés dès qu'on leur parle une langue qu'ils ne comprennent pas. 
Niet !  Niet !  Niet !



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